Préserver le patrimoine archéologique, historique et culturel de Montoire et ses environs

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Origine des noms des Rues de Montoire

La nourriture restait le premier souci des habitants.

Le grain devait être moulu. L’opération s’effectuait dans de nombreux moulins, édifiés le long des cours d’eau : le Loir et ses affluents.

L’ actuelle Avenue de la Libération s’appelait Rue du faubourg Prazay. Une grande propriété, le long des bras du Loir, abritait quatre moulins jusqu’en 1789 : un à blé, un à tan* , et deux autres à blé. La farine obtenue alimentait, en partie, des fours banaux : un à St Oustrille ,

le second Rue des Grands Derrière ( actuelle Rue du docteur Gamard ). On pense que le nom de la rue avait été donné à cause de ces belles maisons ayant pignon sur rue et des grands jardins ‘derrière’, qui donnaient sur le Loir,

le troisième dépendait de Fargot. Il se trouvait Impasse du Ludon (ou Leudon ), aujourd’hui disparue. Située au milieu de la Rue St Jacques, du côté droit en sortant de Montoire, c’est maintenant la cour d’un café !

*(le moulin à tan avait pour fonction de réduire en poudre l’écorce de chêne ou de châtaignier pour en extraire le tannin, utilisé pour le tannage des peaux)

La viande.

Montoire possédait un abattoir qui se situait Rue du Boël, appelée pendant la Révolution, Rue du Pont, car la Rue Ronsard n’existait pas encore, percée vers 1850.

Au 13° siècle, cette rue était la résidence des Juifs. Deux explications peuvent être formulées quant à ce nom : d’abord le mot ‘boyau’, car ces maisons communiquaient entre elles ; ensuite endroit boueux ou marécageux. Cette partie de bord de Loir pouvait être particulièrement boueuse.

Les légumes.

De nombreux jardiniers étaient groupés le long du Chemin vert, ancien nom de la Rue du général Leclerc.

La Place des Pâtis, hors des murs, évoque la présence de pâturages ( ‘pastis’, en vieux français).

Autres noms.

La route de Montoire à Artins s’appelait Rue de la rime. En vieux français ‘rime’ était synonyme de gelée blanche. Quant à l’exposition de cette voie, ouverte vers le Nord, sur la vallée large à cet endroit, peu protégée, on peut penser qu’il y gelait tôt et fort, en plein hiver.

Au bord de cette route, un peu plus loin, un lieu-dit porte le nom de Glacière. On y entreposait de la glace provenant des douves du château de Ranay, tout proche.

Les noms de métiers.

De nombreuses activités artisanales animaient la ville, au cours des siècles :

la toile, la serge, la bonneterie, les lainages, le tannage, la ganterie la fabrique de chandelles etc.

Les corps de métiers étaient parfois groupés. On les retrouve dans le nom de certaines rues.

La rue Lemoine, du nom d’un greffier de justice de paix, qui avait fait un don à l’hôpital, en 1860 s’appelait Rue de la Corne, à cause de l’auberge du même nom qui s’y trouvait et auparavant Rue du Rouan, où se concentrait une activité textile (les rouanneries ou rouenneries).

L’ impasse des Tabourets prend dans la rue St Jacques, tout près de la place Clémenceau. Ce nom signifiait ‘pelote à aiguilles’, objet dans lequel on piquait des aiguilles servant à des travaux de bonneterie ou d’autres travaux textiles.

Existait également une Rue des Tisserands, près de la rue St Jacques.

Foires et Marchés.

Les foires et les marchés se tenaient sur les places.

La plus ancienne de Montoire est celle de St Oustrille : la Place du marché aux porcs, actuelle Place Jean-François Piron.

Tout près, une petite rue, la rue Putet, a une origine inconnue. Son nom pourrait venir du vieux français ‘put’ (sale, puant, malpropre) ; peut-être l’endroit où l’on parquait des porcs !

La Grande Place ou Place du Marché, aujourd’hui Place Clémenceau, date du 14° siècle. Sa forme actuelle est due au Duc de Tallard, seigneur de Montoire de 1737 à 1740. Quelques années plus tard, elle sera relevée afin de faciliter les exercices militaires de l’escadron de cuirassiers cantonné au Quartier Marescot.

La place a été plantée d’arbres au 19°siècle, sous l’administration du maire, Monsieur Chauvin.

La vie religieuse.

La paroisse la plus ancienne, au pied du château, était Saint Oustrille.

La rue qui allait au pont portait ce nom.

Ensuite s’est constituée une seconde paroisse Saint Laurent des Varennes, à l’emplacement de l’actuel cimetière. Pour y aller, on empruntait la Rue St Laurent et l’ Avenue du faubourg St Laurent, actuelle Avenue du Général de Gaulle.

La troisième paroisse, créée à la fin du 16°siècle, s’appelait Notre Dame de la Pitié, à l’emplacement de l’église actuelle, devenue Saint Laurent à la fin du 19°siècle, lors de la construction de la nef.

L’ Avenue de la Madeleine conduit à l’ancienne maladrerie, dédiée à cette sainte (chapelle de la Madeleine).

L’ Avenue des Reclusages longe le Loir entre Montoire et Lavardin. Sur le coteau, on distingue de nombreuses grottes et une chapelle dédiée à Saint Éloi, qui dépendait de l’abbaye de Saint Georges. Des ermites étaient peut être ‘reclus’ sur ces sites, d’où le nom de ‘Reclusages’.

La défense.

La Rue du Château n’ayant été percée qu’au début du 19°siècle, on accédait au coteau vers Château-Renault, par la Rue de la Reine.

Dès le 14°siècle , la défense de la ville consistait en un fossé doublé d’une levée de terre, allant du Loir en passant par la Place Foch, ancienne Place St Denis, puis par le Boulevard Mermoz et enfin la Rue de l’abattoir.

En 1903, lorsque la levée de terre fut supprimée et les fossés rétrécis, cet emplacement devint une promenade arborée.

A leur suppression, au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette promenade devint un ‘boulevard’ (de l’allemand : ‘bollwrek’signifiant rempart, bastion, fortification).

Trois ponts enjambaient ces fossés : Rue St Jacques, Place Foch et Rue St Laurent. Chaque pont possédait un ouvrage de défense et un poste de garde.

De cette dernière et parallèle aux fossés, vers le Loir, partait la Rue des Bourdelaches. Il semble que ce mot soit une déformation de ‘Bourg de l’ arche’ (pont).

A l’extrémité du Boulevard des Alliés, où se trouve un terrain de boules, près du Loir, un lieu-dit se nommait ‘la salle’. Cet endroit portait aussi l’appellation ‘salle à Briolay’. On y séchait la laine.

Les obligations envers le seigneur.

En sortant de Montoire, sur gauche en direction de Couture, se trouve la Rue de la Reine ou Rue Reine. Il s’agissait, jadis, de la route vers Château-Renault.

Cette dénomination pourrait avoir un lien avec la visite de deux reines :

en 1549, Jeanne d’Albert, reine de Navarre, épouse d’ Antoine de Bourbon, comte de Montoire, et duc de Vendôme,

et le 3 mars 1551, celle du roi de France Henri II, accompagné de sa mère Catherine de Médicis.

Divers.

La Rue Marescot tire son nom d’une vieille famille noble de la région, Armand-Samuel qui fut général d’ Empire et propriétaire du château de Chalay de St Quentin les Trôo.

La Rue des Gatineaux viendrait d’ un diminutif du mot ‘gâtine’ (terre non cultivée, humide).

La Rue des Marguerettes viendrait de ‘marguerite’. Cette ruelle donnait sur des lieux incultes, parsemés de marguerites sauvages.

Quant à la Rue Jean-Jaurès, qui joint la rue du général Leclerc à l’ avenue Gambetta, les vieux Montoiriens la dénommaient «Rue de la faillite», car un maçon qui y résidait avait fait de mauvaises affaires.

Depuis, de nombreuses dénominations de rues ont vu le jour, du fait de l’extension de la ville aux 19° et 20°siècles. Surtout des noms de célébrités locales :

Rues des docteurs Cousin et Richard, Rue René Germain (aviateur), Rues Francisque Allouard (résistant-déporté), Gamard, Renard

                                                                                       Gérard FERRAND

* L’ essentiel de cet article s’inspire du travail de Madame Augereau et Monsieur Gastel, qui ont publié une étude plus détaillée, dans la revue N°2 de juillet – décembre 1980 d’Histoire et Traditions populaires du Vendômois. Qu’ils en soient particulièrement remerciés.

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