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Chronologie de la Guerre de 1870 Mois de Septembre

Cette chronologie reprend les principaux faits nationaux intégrés aux événements du Centre Val de Loire et plus particulièrement du Vendômois…

Mois de Septembre 1870

 

Jeudi 1er septembre
La bataille reprend à Noisseville (Moselle) au matin, mais les troupes de Bazaine sont tenues en échec. Il donne alors l’ordre de poursuivre le repli vers les forts qui entourent Metz.

Dans les Ardennes, les Bavarois attaquent violemment les villages de Bazeilles et Donchery. Deux armées allemandes se déploient autour de Sedan, celle du prince Frédéric Guillaume par le flanc ouest et celle du prince de Saxe par le flanc est. Mac Mahon est blessé et remplacé par le général Wimpffen. Malgré les charges des cuirassiers et des chasseurs d’Afrique du général Margueritte, les Français n’arrivent pas à briser l’encerclement. L’armée de Chalons étant en danger, Napoléon III décide d’arrêter la bataille et de se rendre. Von Moltke accepte un armistice jusqu’au lendemain 9 heures.

Des mouvements de troupes ont lieu à Vendôme. Des escadrons de cuirassiers convergent vers la caserne de la ville en provenance de Tours, du Mans et de Chartres pour la constitution d’un régiment.

Vendredi 2 septembre
Après un ultime conseil de guerre, la capitulation est signée en début d’après-midi. Napoléon III envoie à Paris le message suivant : « L’Armée est défaite et captive ; n’ayant pu me faire tuer au milieu de mes soldats, j’ai dû me constituer prisonnier pour sauver l’Armée. » Puis il rencontre Bismarck et brièvement le roi Guillaume 1er . Il part pour le château de Wilhelmshöhe près de Kassel où il est assigné à résidence. Le bilan de la bataille est lourd pour les Français : 13.000 hommes tués ou blessés et 70.000 prisonniers. Parce que la population de Bazeilles a participé à la bataille contre l’ennemi, les Bavarois incendient une partie des maisons, fusillent des habitants et prennent des otages pour les déporter.

Samedi 3 septembre
La défaite est connue dans la capitale dans le courant de l’après-midi. La nouvelle est affichée le soir sur les murs de Paris. Afin d’examiner la situation, le Corps législatif se réunit à minuit sous la menace d’une insurrection populaire. Sous la présidence de l’Impératrice se tient un conseil des ministres qui décide de créer une armée de 300.000 hommes au-delà de la Loire.

Dimanche 4 septembre
L’annonce de la déroute de l’Armée et la capitulation de l’Empereur sont connues dans les principales villes de province. Lyon, dès le matin, proclame la République bien avant Paris. La nouvelle municipalité s’incarne sous l’appellation « La Commune de Lyon » surveillée par un comité de Salut public. Marseille investit l’hôtel de ville et proclame la République. A Paris la foule envahit les rues et se porte vers le Palais Bourbon où le Corps législatif essaie de trouver une alternative à la proclamation de la République. Le comte Palikao propose la mise en place d’un conseil de gouvernement sous sa présidence. Adolphe Thiers présente une commission exécutive. Les députés républicains demandent la déchéance de Napoléon III.

La foule parisienne investit le bâtiment alors que les forces de l’ordre n’interviennent pas. Gambetta brandit la motion de déchéance et les insurgés crient : « Vive la République. » Un cortège se forme avec tous les députés de gauche et se dirige vers l’hôtel de ville. La République y est proclamée et un Gouvernement de Défense nationale est formé sous la direction du général Trochu, gouverneur militaire de Paris, qui est nommé chef de gouvernement en remplacement du comte Palikao. Ce gouvernement est composé de 11 membres tous députés de Paris : Etienne Arago, Adolphe Crémieux, Jules Favre, Jules Ferry, Léon Gambetta, Louis Garnier-Pagès, Alexandre Glais-Bizoin, Eugène Pelletan, Ernest Picard, Henri Rochefort et Jules Simon.

Le soir, les membres du gouvernement se réunissent pour constituer un ministère : Gambetta à l’Intérieur, Picard aux Finances, Crémieux à la Justice, le général Le Flo à la Guerre, le vice-amiral Fourichon à la Marine, Jules Simon à l’Instruction publique, Jules Favre aux Affaires étrangères.

Les Vendômois apprennent le matin la capitulation de Sedan et le soir vers 10 heures la proclamation de la République.

Lundi 5 septembre
Les Prussiens bombardent les villes de Bitche (Moselle) et de Montmédy (Meuse) qui refusent de se rendre.
Emile de Kératry est nommé préfet de police de Paris. Après 19 ans d’exil, Victor Hugo est de retour dans la capitale où il est reçu triomphalement. Etienne Arago est élu maire de Paris. Un Comité central des 20 arrondissements est crée ainsi que des comités de vigilance. Le Gouvernement de Défense nationale publie les décrets concernant la dissolution du Corps législatif.
La ville de Marseille qui a proclamé la République de sa propre initiative décide de s’administrer d’une manière autonome. Armand Duportal, nommé préfet de Toulouse, invite dès son arrivée ses collègues d’une trentaine de départements du midi à lui envoyer des délégués pour former une Ligue.

Les Montoiriens prennent calmement connaissance d’une dépêche télégraphique annonçant la constitution d’un gouvernement républicain sous la présidence du général Trochu. Le vicomte de Gauville, préfet du Loir-et-Cher, est destitué et le Sous-préfet de Vendôme, monsieur de Watrigant, démissionne tout en assurant l’intérim. La Commission municipale vendômoise met en place et organise les 6 compagnies de la garde nationale sédentaire.

Mardi 6 septembre
Les Armées allemandes prennent d’une part la direction du nord de la France et d’autre part celle de Paris sans aucune opposition réelle. Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, donne des instructions à ses ambassadeurs accrédités auprès des pays européens : « Si c’est un défi, nous l’acceptons. Nous ne céderons ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses. Une paix honteuse serait une guerre d’extermination à courte échéance. Nous ne traiterons que pour une paix durable. » Les préfets de l’Empire sont tous remplacés par Gambetta par des républicains choisis par lui, dont Armand Duportal, préfet de Haute-Garonne et Freycinet préfet du Tarn-et-Garonne.  1500 pigeons sont envoyés par chemin de fer depuis Roubaix jusqu’à Paris. Un décret du Gouvernement de Défense nationale supprime le ministère de la Maison de l’Empereur : « Les biens de la liste civile sont transférés au domaine de l’Etat et ceux du domaine privé sont administrés sous séquestre. »

Mercredi 7 septembre
Le 13ème Corps d’Armée, sous les ordres du général Vinoy, seule unité rescapée et encore intacte après la défaite de Sedan, vient se réfugier à Paris, soit environ 20.000 soldats.
Aidée par son dentiste américain, Thomas Evans, l’Impératrice Eugènie, accompagnée de sa lectrice Madame Lebreton, gagne Deauville pour embarquer à destination de l’Angleterre. Des maires provisoires sont nommés dans les 20 arrondissements de Paris dont Clémenceau dans le 18ème. Les Etats-Unis reconnaissent le Gouvernement de Défense nationale.
Les 4 escadrons constituant le régiment formé à Vendôme quittent la ville. Le gouvernement parle d’envoyer une délégation ministérielle en province.

Jeudi 8 septembre
Les Prussiens sont à Dormans et Epernay (Marne) et prennent la ville de Laon (Aisne). Un décret convoque les collèges électoraux afin d’élire une Assemblée Constituante pour le 16 octobre. A Vendôme, le conseil de recensement procède à l’élection des gradés de la garde nationale sédentaire. On constate l’arrivée en gare de nombreux voyageurs quittant Paris.

Vendredi 9 septembre
Les pigeons arrivent à Paris. Les Prussiens continuent leur invasion ; une colonne traverse l’Aisne à Cuise-la-Motte et se dirige vers Pierrefonds et Compiègne (Oise), une autre colonne passe par Vailly-sur-Aisne, Villers-Cotterêts (Aisne) et envoie une reconnaissance sur Chantilly ; une troisième suit la vallée de la Marne, passe à Château-Thierry et se dirige vers Meaux (Seine-et-Marne).

A Laon, un soldat du génie fait sauter 26 tonnes de poudre : bilan 241 morts et 260 blessés français et 33 morts et 65 blessés allemands. Le bataillon des francs-tireurs de la Seine quitte Paris pour Tours sous le  commandement de Monsieur Arronssohn.
Le général Charles Courtois d’Hurbal, habitant de Naveil, accepte de prendre le commandement de la garde nationale sédentaire de Vendôme. La Bourse affiche une hausse sensible. Monsieur Alphonse Lecanu est nommé préfet du Loir-et-Cher.

Samedi 10 septembre
Une réunion entre Guillaume 1er , Bismarck et Rudolph von Delbrück, ministre délégué à la Chancellerie prussienne, se tient à Reims. Ce dernier présente un mémoire sur l’unification allemande approuvé par Bismarck. Le but est de rattacher les Etats d’Allemagne du sud à la Confédération du nord et de fonder un Etat fédéral sous le nom d’Empire allemand.

La ville de Toul assiégée depuis le 16 août subit un intense bombardement suivi d’une attaque d’infanterie. Malgré une deuxième canonnade, elle continue à résister. Le petit village de Chivres-en-Laonnois (Aisne) s’est opposé à la traversée de 40.000 Allemands : son maire est fusillé.

Dimanche 11 septembre
Le journal le Loir annonce : « L’ennemi avance sur Paris en trois Corps d’armée. L’un est arrivé à Soissons dans l’Aisne… » 20.000 soldats ennemis font le siège de Soissons. Les Prussiens prennent Château-Thierry. Le Gouvernement de Défense nationale choisit de rester à Paris malgré la menace d’encerclement et décide qu’un de ses membres, le garde des sceaux Crémieux, partirait de Paris pour diriger et coordonner les actions du gouvernement en province.

Lundi 12 septembre
Les troupes du Génie français font sauter le pont de Champigny (Val-de-Marne). Le 13ème Corps d’armée du général Vinoy prend place sur le plateau de Vincennes. Le décret d’installation  de la délégation en province paraît au Journal Officiel. Il spécifie que chaque ministère serait représenté par un délégué spécial : pour la guerre le général de Brigade Lefort, pour l’Intérieur l’avocat Clément Laurier etc… Le siège de la délégation est fixé à Tours. Les Etats-Unis d’Amérique auraient envoyé une dépêche au roi de Prusse lui demandant d’arrêter la guerre contre la France. Peut-être une fausse nouvelle… A Strasbourg assiégée, l’avocat Emile Küss proclame la République.
Adolphe Thiers quitte Paris pour Londres. Favre, ministre des Affaires étrangères, vient de lui confier la mission de trouver des appuis auprès des pays européens. Monsieur de Marçay est nommé sous-préfet de Vendôme.

Mardi 13 septembre
Le général Le Flo, ministre de la guerre, attribue le commandement du 15ème Corps d’Armée stationné à Nantes au général de La Motte Rouge. C’est le premier élément de la future Armée de la Loire. Rejeté par les Républicains de Montauban (Tarn-et-Garonne), Freycinet démissionne de son poste de préfet et rejoint la délégation à Tours.
Thiers arrive à Londres. Il fait valoir que la France républicaine n’est pas responsable des erreurs de l’Empereur alors que la Prusse exige des annexions. Le gouvernement anglais ne trouve aucun élément lui permettant de s’interposer en médiateur.

Mercredi 14 septembre
Des francs-tireurs et des gardes nationaux dont le sculpteur Bartholdi est chef de bataillon, défendent en vain le pont de Horbourg-Wihr en Alsace, lieu de passage pour atteindre Colmar (Haut-Rhin). 5.000 soldats badois occupent la ville.
Un aventurier, nommé Edmond Régnier, cherche à rencontrer l’Impératrice Eugénie à Hastings (Angleterre). Cette dernière refuse ; mais son fils le prince impérial Louis confie à l’intrigant un message pour son père l’Empereur déchu.

Gambetta adresse une circulaire à tous les nouveaux préfets spécifiant qu’ils doivent procéder dans toutes les communes à la mobilisation de la Garde nationale sédentaire. Les maires doivent faire inscrire sur les contrôles tous les hommes de 21 à 60 ans n’appartenant ni à l’armée de ligne, ni à la garde mobile. Le Gouvernement de Défense nationale est reconnu par la Suisse, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

La Commission municipales de Vendôme délibère sur l’habillement de la garde nationale sédentaire et souhaite être régularisée par la nomination d’un maire et d’adjoints. Il est aussi question de préparer des élections pour composer une Assemblée Constituante. La Bourse est en hausse de 0 fr. 80.

Jeudi 15 septembre
A Saint-Ouen-l’Aumône, des uhlans franchissent l’Oise et prennent Pontoise (Val-d’Oise) qu’ils rançonnent. Aux alentours de Chantilly et Senlis (Oise), deux trains sont attaqués par les Allemands qui occupent ces deux villes. Au siège de Metz, le général Steinmetz est remplacé par le général von Manteuffel. Des francs-tireurs de Fontainebleau tendent avec succès une embuscade à des uhlans. Les Prussiens dynamitent le pont de Nogent-sur-Marne (Val de Marne) et envahissent Melun.

Gambetta prend un arrêté concernant l’entrée et la sortie de Paris. Nul ne peut le faire sans sa permission. Lyon élit un conseil municipal républicain et rentre dans la légalité.

Le conseil de recensement de Vendôme statue sur les dispenses de service de garde nationale. Gervais Launay note dans son journal : « La Commune de Blois contient la suspension pour deux mois du conseil municipal et la nomination d’une commission municipale. » Un détachement de cuirassiers traverse Montoire-sur-le-Loir.

Vendredi 16 septembre
Par décret, il est résolu d’adjoindre à la délégation de Tours Glais-Bizoin, membre du Gouvernement et le vice-amiral Fourichon, ministre de la Marine, qui assure également « les fonctions de ministre de la Guerre auprès de la partie du gouvernement siégeant hors de Paris. » Un nouveau décret avance au 2 octobre les élections générales et fixe les élections municipales au 25 septembre. Une escarmouche a lieu à Athis-Mons (Essonne). La voie ferrée est coupée entre Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne) et Athis.

Les villes de banlieue parisienne de Fresnes et Sucy-en-Brie sont occupées par l’ennemi. Le général Ducrot reçoit le commandement des troupes régulières rassemblées à Paris constituées par le 13ème et 14ème Corps. Apprenant la proche arrivée des Prussiens, de nombreux banlieusards se réfugient dans Paris augmentant le chiffre de la population dans son enceinte.

Le Conseil général de Loir-et-Cher demande l’autorisation de se substituer à l’Etat pour l’achat d’armes et de munitions pour un montant de 420.000 francs, soit environ 20.000 fusils. Pour régler cette dépense, il est décidé de procéder partiellement par emprunts qui seront par la suite remboursés par l’Etat. Il prend la décision de former un corps de tirailleurs volontaires choisis parmi la garde nationale sédentaire auquel il sera alloué une indemnité journalière de 2 fr. 50. A cela s’ajoutera 5.000 francs pour « frais de publicité pour informer la population des événements de la guerre, de la marche de l’ennemi et des moyens de défense. »

À Vendôme, la sagesse populaire préconise de se déclarer ville ouverte face à la barbarie prussienne. Un détachement du 9ème Chasseurs arrive en garnison.

Samedi 17 septembre
La 1ère Division du 13ème Corps d’Armée du général d’Exea lance une reconnaissance depuis Vincennes sur Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) où une colonne ennemie forte de 3.000 hommes essaie de contourner Châtillon (Hauts-de-Seine). Un affrontement se produit à l’avantage des Français. L’avant-garde de la 3ème Armée allemande arrive à Créteil (Val-de-Marne) et s’installe sur les hauteurs de Montmesly et repousse une brigade française. Les Prussiens franchissent la Seine à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) qu’ils occupent avec Brunoy (Essonne). Alors que des Prussiens étaient en train de réquisitionner le village de Crouy-en-Thelle (Oise), la population de Neuilly-en-Thelle se soulève et marche sur le village. L’ennemi prévenu se sauve et abandonne ses fourgons chargés.

Le Conseil municipal de Vendôme se réunit pour désigner un maire et deux adjoints. Sont élus : maire Monsieur Moisson, adjoints Messieurs Belot et Berger. Gervais Launay reçoit la visite de son ami Charles Busson, peintre de Montoire, qui vient lui confier l’anxiété des Montoiriens qui ne reçoivent plus ni dépêches ni  journaux.

Dimanche 18 septembre
Jules Favre rencontre Bismarck au château de Ferrières. Le ministre des Affaires étrangères demande quelles seraient les conditions d’un armistice pour ensuite organiser des élections. Le Chancelier prussien exige la reddition de Strasbourg et de Toul ainsi que l’occupation du fort du Mont-Valérien. Quant aux négociations de paix, il réclame l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. Favre ne peut se déjuger et sa démarche échoue, le peuple de Paris n’étant pas prêt à accepter des annexions territoriales.

La 2ème Armée du Kronprinz de Prusse occupe Bourg-la-Reine, Clamart et Meudon (Hauts-de-Seine). Une colonne allemande marche sur Versailles ; elle est repoussée par un détachement de zouaves. Le général Trochu ordonne au général Ducrot l’abandon de la redoute de Châtillon. Un accrochage entre des francs-tireurs et un détachement de cavalerie prussienne a lieu à Dannemois (Essonne). En représailles le village est pillé et 15 maisons sont incendiées. Au siège de Metz, on commence à tuer les chevaux pour pouvoir manger.

A Marseille, les délégués des comités révolutionnaires de 14 départements du Midi et de la vallée du Rhône décident de former un Comité de la Ligue du Midi. Le but de cette ligue est d’organiser une défense régionale contre l’envahisseur prussien. Cette décision est assortie de mesures contraignantes comme la séparation de l’Eglise et de l’Etat, un impôt sur la fortune et des confiscations de propriétés.

A Vendôme, un équipage d’artillerie de 130 fourgons et 800 chevaux s’installe au quartier et à l’Islette. Une circulaire est affichée dans la ville conseillant aux habitants de fuir avec leurs biens. La garde nationale sédentaire commence à veiller sur la ville.

A Houssay, les 44 citoyens composant la garde nationale sédentaire sont convoqués par le conseil de recensement pour le jeudi 22 septembre afin d’effectuer des exercices obligatoires pendant 1h 30 au bas-bourg.

Lundi 19 septembre
Les assiégés parisiens lancent une attaque sur Verrières-le-Buisson (Essonne) ; en riposte l’artillerie prussienne bien cachée dans les bois fauchent les jeunes recrues d’un détachement de zouaves qui se débande. L’ennemi est présent au sud sur plusieurs lieux depuis Vitry-sur-Seine, Chevilly-Larue, Bourg-la-Reine, Châtillon, Clamart et Meudon. A l’est, il est sur Bry-sur-Marne, Bondy, Le Raincy. Au nord, on le signale à Tremblay-en-France et Gonesse. A l’ouest, il vient d’occuper Marly-le-Roi, Chatou, Le Vésinet et Louveciennes. En fin de journée, le général Ducrot donne l’ordre de se replier sur les forts les plus proches de Paris. Versailles se rend sans combattre. Paris est encerclé et, comme les Prussiens ont coupé le câble, le gouvernement ne peut communiquer qu’au moyen de ballons ou de pigeons voyageurs avec la délégation de Tours dont l’action est réduite. Au moyen de la photographie, les dépêches sont « reproduites en caractères microscopiques ; un pigeon pouvait transmettre environ 400 dépêches. »

Les gardes nationaux de Belleville, Ménilmontant, La Villette, des faubourgs Saint-Antoine et du Temple manifestent dans les rues de Paris aux cris : « Vive la République ! A bas la Prusse ! A bas Bismarck ! Nous ne voulons pas de paix honteuse ni pour  le pays ni pour nos concitoyens, plutôt mourir jusqu’au dernier. » Le général Trochu  nomme Victor Schoelcher colonel d’état-major de la garde nationale de la Seine. Ce dernier obtient également le commandement de la légion d’artillerie.

Le général Lefort, délégué à la guerre à Tours, s’active à constituer le 15ème Corps, premier élément de l’Armée de la Loire. Son quartier général est fixé à Bourges sous les ordres du général de La Motte Rouge avec le général Boyer comme chef d’état-major. Cette unité est composée de trois divisions d’infanterie, la première à Nevers commandée  par le général Martin des Paillères, la seconde à Bourges sous les ordres du général Martineau des Chenez, la troisième à Vierzon avec le général Peytavin, à celles-ci, il faut ajouter une division de cavalerie conduite par le général de Reyau.
La question qui entraîne les Vendômois dans de longues considérations est : Doit-on défendre la ville ? Si l’armée décide que c’est un lieu stratégique à défendre, la garde nationale sédentaire, auxiliaire de l’armée, devra s’exécuter. Le Régiment de Marche, qui s’est formé ici il y a 15 jours, est de retour et campe au marché aux chevaux.

Mardi 20 septembre
Les Allemands restent à distance des forts de Montrouge (Hauts-de-Seine), de Bicêtre et d’Ivry-sur-Seine. En revanche le fort de Vanves tire sur l’ennemi. Le prince royal Frédéric Guillaume installe son état-major à Versailles. Les Prussiens occupent Compiègne. Un accrochage se produit en avant d’Artenay (Loiret) entre la brigade de cavalerie du général de Polhès et la 4ème division de cavalerie du prince Albrecht de Prusse.

Le Gouvernement de la Défense nationale affiche sur les murs de Paris la déclaration suivante : « On a répandu le bruit que le Gouvernement de la Défense nationale songeait à abandonner la politique pour laquelle il a été placé au poste de l’honneur et du péril. Cette politique est celle qui se formule en ces termes : Ni un pouce de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses. Le Gouvernement la tiendra jusqu’à la fin. »  Cette proclamation n’empêche pas les manifestations de se succéder place de l’Hôtel de Ville. La foule réclame, entre d‘autres exigences, l’instauration d’une « Commune ».

La délégation de Tours prononce la dissolution des conseils municipaux et autorise les préfets à nommer les membres des bureaux chargés d’organiser les élections municipales et générales. Thiers arrive à Tours où il apprend l’échec des négociations de Ferrières.
Léon Alexandre Gérard, propriétaire du château de la Fosse à Fontaine-les-Coteaux, aurait l’intention de se présenter à l’élection e l’Assemblée Constituante.

Mercredi 21 septembre
Les Prussiens envahissent le château de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) et celui de Rambouillet (Yvelines). Dans cette dernière ville, la municipalité et la garde nationale ont demandé à garder leurs armes pour maintenir l’ordre tout en s’engageant à ne pas les utiliser contre les Allemands. Des bûcherons attaquent un détachement de uhlans au Perray-en-Yvelines. Bezons et Argenteuil (Val-d’Oise) sont occupés. Les Wurtembergeois sont à Chatou. L’Isle-Adam (Val-d’Oise) est pillé et saccagé par un détachement allemand. Au siège de Metz, le 15ème Régiment d’Infanterie tente une percée au bois de Vigneulles près de Lorry-les-Metz ; elle échoue. Les tirailleurs algériens du général de Polhès viennent renforcer la défense d’Orléans.

Un premier ballon essaie de quitter Paris, mais éclate au moment du gonflement. L’ébullition des esprits se poursuit à Paris. Les habitants et la garde nationale sédentaire ne font plus confiance au Gouvernement de « Défense nationale. »
Des uhlans auraient été signalés dans la région de Cloyes (Eure-et-Loir). Le Régiment de Marche quitte Vendôme en défilant dans les rues.

Jeudi 22 septembre
A Mézières-sur-Seine (Yvelines), une soixantaine de maisons sont incendiées. A Mantes-la-Jolie, les Bavarois détruisent deux gares, tuent des civils et prennent des otages. L’ennemi construit des observatoires entre Dugny et Stains (Seine-Saint-Denis) et derrière la forêt de Bondy.
Le ministre prussien Delbrück s’entretient jusqu’au 26 septembre à Munich avec les Etats du sud de l’Allemagne au sujet de l’unité allemande. La Bavière, n’étant pas parvenu à fédérer autour d’elle une Confédération du sud indépendante, n’a pas le choix : elle doit adhérer à l’unité allemande sous peine d’être isolée.

L’ensemble des troupes stationnées à Vendôme doit quitter la ville. Les premiers convois de civils fuyant l’ennemi traversent le pays vendômois.

Vendredi 23 septembre
On apprend la capitulation de Toul. Verdun est encerclé avec 1.500 soldats de garnison, 2.000 gardes mobiles, 1.400 hommes de la garde nationale sédentaire et 2.600 rescapés de la bataille de Sedan face à 10.000 soldats du prince de Saxe. A Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), grâce à un soutien d’artillerie et après des combats au corps à corps, le général Carrey de Bellemare livre une bataille victorieuse. L’amiral Saisset chasse les Allemands de Bobigny et Drancy. Les assiégés reprennent Villejuif au sud de Paris et La Courneuve au nord.  Le deux bataillons du 1er Régiment des Eclaireurs de la Seine viennent s’établir à Rosny-sur-Seine (Yvelines). A Chieulles près de Metz, le 44ème Régiment d’Infanterie s’oppose sans succès aux troupes assiégeantes.
D’importantes troupes allemandes sont aperçues à Fontainebleau qui se dirigent vers Orléans via Malesherbes et Pithiviers (Loiret). Le général Aurelle de Paladines prend le commandement au Mans de l’Armée de l’Ouest en cours de formation , succédant au général Fiereck.

Le Neptune, premier ballon à s’envoler depuis Montmartre, chargé de dépêches et journaux, atterrit à Cracouville près d’Evreux. Le Gouvernement de Paris ajourne les élections municipales à une date indéterminée. Thiers arrive à Vienne (Autriche). Depuis sa défaite à Sadowa face à la Prusse, ce pays n’est plus en mesure militairement de seconder la France et préfère s’aligner sur la position de la Russie. Il est proposé à Thiers de repasser par Vienne après sa visite en Russie.

Le général Trochu adresse un avertissement à la garde nationale parisienne lui précisant que son rôle n’est pas de manifester dans les rues mais de combattre. Le préfet de police décide la fermeture des débits de boisson après 22 h 30.
Suite à sa visite sans réussite auprès de l’Impératrice Eugénie, Edmond Regnier se présente au siège de Metz et demande à rencontrer le Maréchal Bazaine. Il lui fait croire qu’une paix peut être signée. Pour cela, il faut qu’un officier général, soit le Maréchal Canrobert ou le général Bourbaki, puisse se rendre à Hastings auprès de l’Impératrice. Bourbaki, frère de la lectrice de cette dernière, quitte Metz pour l’Angleterre le lendemain avec l’accord de la Prusse.

Les derniers soldats embarquent à la gare de Vendôme par chemin de fer à destination de Tours. Les délégués des comités de défense de Blois et Vendôme soutiennent qu’il est matériellement impossible de se défendre sans armes, ni munitions. Parmi ceux qui ont pris la parole, on note le jeune Tessier de Montoire, professeur d’histoire à Poitiers.

Samedi 24 septembre
L’ennemi établit des batteries sur les hauteurs de Sèvres. Un pont s’effondre à Triel-sur-Seine (Yvelines) sous le poids de canons prussiens de gros calibre. Des escarmouches se produisent en Beauce à Janville, à Patay (Loiret) et dans le Gâtinais à Malesherbes et Pithiviers.
L’annulation des élections est notifiée à la délégation de Tours qui informe les préfets pour affichage.

Dimanche 25 septembre
Un regroupement de population des villes de Clermont et Liancourt (Oise), soit environ 2.000 hommes, attaque un convoi de réquisition prussien et l’oblige à se retirer sur Laigneville (Oise).

Lundi 26 septembre
Les civils de Clermont et Liancourt poursuivent leurs combats. Renforcés par des gardes nationaux, ils se battent victorieusement à Compiègne, Rantigny et Liancourt et font des prisonniers. De nombreux combats ont lieu aux alentours de Soissons (Aisne). De nouveaux accrochages se produisent vers Artenay contre les forces du prince Albrecht de Prusse qui détache quelques escadrons sur Bonneval et Châteaudun (Eure-et-Loir).

Mardi 27 septembre
Les Prussiens reviennent dans les villages de l’Oise avec de l’artillerie et écrasent le soulèvement populaire. Ils tuent 15 civils et imposent des mesures de représailles (otages et exécutions sommaires). Les assiégés de Metz tentent une sortie à Peltre (Moselle). Ils délivrent le village et récupèrent du ravitaillement. Le général Gibon arrache à l’ennemi le château de Ladonchamps près de Woippy pour l’abandonner en fin de journée.
Sur la foi d’une nouvelle qui s’avérera fausse – 16 escadrons ennemis sont en lisière de la forêt d’Orléans – le général de Polhès à la tête du 6ème Dragons et du 6ème Hussards, ordonne le repli au-delà de la Loire, ce qui provoque une altercation entre lui et Monsieur Pereira, le préfet d’Orléans. Thiers arrive à Saint-Pétersbourg (Russie).

De fausses nouvelles de victoires circulent à Vendôme. Le général Courtois d’Urbal, commandant de la garde sédentaire, est nommé commandant de la Division de Toulouse. Le maire de Lunay adresse une lettre au maire des Roches-l’Evêque par laquelle il l’informe que des cavaliers allemands ont quitté sa commune et le lieu-dit Galette se dirigeant vers Epuisay. Il doit s’agir de cavaliers uhlans envoyés en reconnaissance depuis l’encerclement de Paris le 19 septembre.

Mercredi 28 septembre
Strasbourg capitule après avoir reçu 200.012 obus, soit 572 par jour. 500 maisons sont détruites, 261 civils tués et 1.100 blessés ; parmi les militaires français, on compte 310 tués, 2.076 blessés et 55 disparus. De nombreux monuments ont été endommagés. 10.000 personnes sont sans abris.
Sur ordre de la délégation de Tours, la 2ème brigade de la 2ème Division d’Infanterie, sous les ordres du général Dupré, est envoyée d’urgence à Epinal (Vosges). A Mantes-la-Jolie, les Eclaireurs de la Seine repoussent une incursion prussienne.

Thiers est reçu par le Tsar de Russie. De peur de perdre son influence sur Berlin, il écarte toute médiation comme le souhaite la Prusse. A Lyon, des révolutionnaires, menés par Bakounine et Cluseret, tentent de proclamer l’abolition de l’Etat. Mais la population ne suit pas. Toulouse est également en ébullition révolutionnaire. Sous l’égide du journal l’Emancipation, la ligue du sud-ouest est formée par des républicains, des socialistes et des radicaux avec l’aval du préfet Duportal. Ce dernier, rallié secrètement au Gouvernement, y stoppe l’énergie populaire par ses ruses et ses tergiversations. Il récuse d’ailleurs le général Courtois d’Hurbal venu prendre le commandement de la région militaire.

Le sous-préfet de Vendôme interdit de colporter des nouvelles qui ne porteraient pas le cachet officiel. Une dépêche du général commandant à Orléans confirme qu’il a donné l’ordre aux troupes françaises de quitter Orléans face à l’importance des forces ennemies et de se replier sur Blois. La panique s’empare des habitants. Puis la dépêche est déchirée et remplacée par une autre affirmant qu’Orléans est tranquille.

Jeudi 29 septembre
Les deux bataillons des Eclaireurs de la Seine du commandant de Faby occupent Maule (Yvelines) et se répandent sur Ecquevilly où ils s’opposent au 10ème hussard prussien alors que 200 d’entre eux vont bivouaquer aux Alluets-le-Roi. Ils sont l’unité qui s’est rapprochée le plus près du siège de Paris pendant toute la durée de la guerre.

Des Prussiens ont été aperçus à Bonneval (Eure-et-Loir). Contraint de démissionner, Monsieur Arronsohn est remplacé par le commandant de Lipowski à la tête des francs-tireurs de la Seine. Ce dernier reçoit l’ordre de se rendre avec son bataillon, par chemin de fer, depuis Tours jusqu’à Châteaudun. La brigade du général de Polhès réoccupe Orléans où des unités de toutes armes circulent en ville dont les gardes mobiles du Lot, de la Nièvre et du Cher.

La délégation de Tours change d’avis sur la question des élections. Elle adresse par pigeon voyageur une dépêche à Paris affirmant que les élections pour la Constituante auraient lieu le 16 octobre. Un décret ordonne l’incorporation dans la garde nationale mobilisée les hommes de 21 à 40 ans, non mariés ou veufs sans enfants.

À Vendôme, les membres du conseil municipal, du comité de défense, les capitaines des compagnies de la garde nationale sont convoqués par le sous-préfet pour débattre au sujet de la défense de la ville. L’ensemble répond qu’elle est impossible. Dans l’après-midi, un train de moblots transite par la gare en provenance de Tours et à destination de Châteaudun. La population leur offre des boissons. Un bataillon des mobiles du Gers vient stationner et loger chez l’habitant en provenance de Blois. En soirée, les mobiles de la Seine débarquent à bord de 33 wagons.

À l’école des garçons d’Houssay est organisé l’élection des officiers de la garde nationale sédentaire. Pierre Rouillon est nommé capitaine, Louis Sidaine lieutenant, Jean Gohier et Louis Chabilan sous-lieutenant. Ils organisent régulièrement des entraînements sans arme, ni aucune instruction.

Vendredi 30 septembre
Au siège de Paris, le 13ème Corps du général Vinoy lance une attaque de 20.000 hommes sur Chevilly-Larue, Choisy-le-Roi et l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). Les Français refoulent 4.000 ennemis de ces deux dernières villes. Puis ils se replient sur Paris avant l’arrivée des réserves prussiennes fortes de 30.000 hommes. Les Prussiens investissent Parmain (Val-d’Oise) et brûlent 50 maisons.

Le général Cambriels, rescapé de Sedan, arrive à Belfort pour former l’ Armée de l’Est. Il trouve à sa disposition environ 10.000 gardes mobiles des départements environnants.
Le bataillon du Gers est venu à Vendôme pour protéger la route menant à Cloyes. Les francs-tireurs de la Seine arrivent à Châteaudun. Le 2ème bataillon des mobiles du Loir-et-Cher part se positionner sur la ligne de défense Marchenoir-Fréteval.

LE Combat de Saint-Quentin-lès-Trôo

Le 2 juillet 1870, Napoléon III apprend la candidature du Prince Léopold de Hohenzollern, cousin du roi de Prusse, Guillaume 1er , à la succession du trône d’Espagne. Il est hostile à cette prétention qui verrait la France encerclée et exige un renoncement de la part du roi de Prusse. Ce dernier ne s’engage pas et refuse de recevoir l’ambassadeur de France. Bismarck, qui cherche à provoquer Napoléon III pour entrer en guerre et sceller l’unité allemande, modifie les termes d’une dépêche. La presse française pousse au conflit. Le 19 juillet 1870 , l’Empereur déclare la guerre à la Prusse. En riposte, Bismarck fédère tous les états allemands contre le France.

Le 20 août 1870, le maréchal Bazaine se laisse enfermer dans Metz avec 180 000 soldats. Le 2 septembre, Napoléon III capitule à Sedan. Le 4 septembre, la République est proclamée à Paris sous l’égide d’un gouvernement provisoire dirigée par le général Trochu. Paris est assiégé le 17 septembre par les confédérés allemands. Le 7 octobre, Gambetta, ministre de l’Intérieur, quitte la capitale en ballon pour rejoindre une délégation gouvernementale qui siège à Tours et prendre en main le ministère de la Défense. Il organise la résistance et reconstitue trois armées : l’armée du Nord, l’armée de l’Est et l’Armée de la Loire. Le maréchal Bazaine capitule à Metz le 19 octobre, libérant la deuxième armée allemande qui se porte vers l’Armée de la Loire, commandée par le général Aurelle de Paladines. Ce dernier, tout d’abord vainqueur des Bavarois à Coulmiers le 9 novembre, se fait battre le 2 décembre à Loigny (Eure-et-Loir) et le 8 décembre près d’Orléans.

Entre temps le 5 décembre 1870, Gambetta confie les 16°, 17° et 21° Corps au général Chanzy pour former la deuxième Armée de la Loire. Cette dernière tient tête aux Prussiens à Josnes et Villorceau, puis à Fréteval le 15. Mais devant la supériorité prussienne en nombre et en équipement, Chanzy donne l’ordre de retraite sur le Mans via Vendôme et de détruire les ponts.

Le 15 décembre la Garde nationale de Montoire décide à l’unanimité de se désarmer considérant qu’elle ne pouvait pas défendre la ville et pour éviter toutes représailles sur la population civile. Dans la soirée du 16 décembre Vendôme est occupée par les Prussiens de la 20ème Division du X° Corps. Le 17, une reconnaissance prussienne est accueillie à coups de fusils au bois de la Saulnerie entre Houssay et Saint-Rimay ; deux ou trois soldats ennemis sont blessés. Le 18 décembre, un détachement allemand vient annoncer aux Montoiriens qu’une réquisition de vivres et de fourrages serait organisée le lendemain. Mais les Prussiens changent d’avis et se dirigent sur Château-Renault et Monnaie au lieu de venir à Montoire qui ne sera envahie sans combattre que le 21 décembre par 1200 soldats qui viennent réquisitionner la ville, pour s’en retourner à Vendôme dès le lendemain.

Le 22 décembre Chanzy adresse une dépêche à Gambetta : « Le général Jouffroy est parti hier avec une colonne de Gardes mobiles pour surprendre l’ennemi à Montoire… » Le 24 décembre, un détachement de 60 Uhlans arrive à Montoire pour faire des réquisitions dans les environs. Un peloton prussien est pris à partie à Sougé et Trôo par des francs-tireurs. Avant de repartir le soir sur Vendôme, l’officier commandant annonce qu’ils reviendront pour brûler Trôo et Sougé. Le 26 décembre, six compagnies du 79° d’infanterie, un escadron du 12° Uhlans et deux pièces d’artillerie appartenant à la 20ème Division du X° Corps allemand et sous les ordres du lieutenant-colonel Boltenstein s’installent à Montoire. Au cours de leur passage à Houssay et Saint-Rimay, ils ont pris des otages civils pour se venger de l’embuscade du 17 décembre. Ils les enferment sans nourriture au quartier de cavalerie (Quartier Marescot). Le maire de Montoire , Monsieur Debourges et son adjoint, le peintre Busson, essaient de négocier leur libération. L’officier supérieur allemand promet de les libérer le lendemain matin.

Contrairement à sa promesse de la veille, le lieutenant-colonel Boltenstern ne libère pas les prisonniers à l’exception d’une femme et de ses enfants. Tôt le matin, il envoie un groupe de Uhlans en reconnaissance sur la route de Savigny-sur-Braye qui surprend et enlève à la ferme de la Touche des Bois une soixantaine d’éclaireurs de la division Jouffroy. Craignant la présence d’autres troupes, il décide de partir en direction de Trôo et Sougé. Il laisse en arrière une compagnie pour garder le pont des Roches-l’Evêque rétabli et deux autres pour occuper Montoire et protéger le pont de Saint-Oustrille remis en fonction avec des planches mobiles de peupliers. Le groupe de reconnaissance a pour mission de se renseigner sur le mouvement des troupes françaises et également de se venger des francs-tireurs et des gardes nationaux de Trôo qui les ont assaillis quelques jours auparavant. Au passage à Saint-Quentin-lès-Trôo vers dix heures du matin, il positionne une partie de son artillerie à la ferme de la Lunoterie près de Chalay. L’avant-garde atteint à peine Trôo qu’elle est accueillie par des coups de fusil provenant des maisons troglodytes et se trouve face à des tirailleurs de l’avant-garde de la colonne Jouffroy. Elle peut néanmoins les refouler et poursuivre sa route vers Sougé laissant deux compagnies à Trôo. Ces dernières prennent des otages civils, incendient dans la rue Basse la maison de Monsieur Guillon-Fagu et mettent le feu avec du fourrage dans deux caves pour étouffer les habitants qui s’y sont réfugiés, une grande partie de la population restant confinée dans les cafforts. Avant Sougé une vive fusillade surprend les Prussiens et malgré l’appui de deux pièces de canon ils doivent se replier sans délai ; sur les hauteurs du nord, en direction de l’ouest, se montrent circulant de nombreuses troupes françaises et des batteries apparaissent sur les crêtes balayant toute la rive droite du Loir. Le lieutenant-colonel Bollenstein, qui dirige la reconnaissance, s’aperçoit que sa troupe peut être enveloppée. Il donne alors l’ordre de retraiter vers Trôo et Saint-Quentin.

En effet, la colonne Jouffroy a atteint la Braye à Lavenay et Bessé-sur-Braye et se dirige vers Vendôme, quand le général apprend par des habitants du pays qu’un détachement ennemi descend le Loir sur son flanc droit et marche vers Pont-de-Braye. Arrivé à Fontaine-en-Beauce (Fontaine-les-Coteaux) vers onze heures du matin, Jouffroy divise sa brigade en trois détachements. Le premier composé du 1er bataillon de Chasseurs à pied et d’un bataillon du 45ème de Marche prend la direction des Roches-l’Evêque ; le deuxième formé par le 1er bataillon du 70ème Régiment des Mobiles du Lot et d’une

batterie, avance vers Trôo ; le troisième, sous les ordres de Jouffroy, est constitué de deux bataillons du 45ème de Marche, d’une batterie et deux mitrailleuses. Ce dernier se porte vers Montoire et prend position au débouché de la vallée de Fontaine sur la vallée du Loir. Les deux autres bataillons du 70ème Mobile s’établissent en réserve sur le plateau au nord de Saint-Quentin pour prêter main forte à la colonne qui va vers les Ruaux à Trôo.

Depuis la plaine précédant Sougé, les Prussiens rétrogradent vers Trôo et Saint-Quentin ; arrivés sur ce dernier village, ils prennent d’autres otages et fusillent Monsieur Domet-Anjubault, un habitant de Trôo âgé de 72 ans, qui vient de tenter de s’évader. Mais en débouchant dans la plaine, ils s’aperçoivent que leur route est barrée par des lignes de tirailleurs qui occupent le versant du coteau et la vallée menant à Fontaine. Sur les hauteurs , des canons sont en position au lieu-dit la Place au-dessus de la maison de Madame du Bezin, d’autres canons sont à la Haloperie, dont deux en bas du coteau. L’artillerie prussienne s’établit sur la route auprès d’une ferme non loin de Chalay. La grange de cette ferme est incendiée par les obus français. Les canons prussiens répliquent, mettent le feu à une maison près de la Fosse et arrosent d’obus les tirailleurs du 45ème de Marche causant des pertes importantes. Une charge violente des cavaliers Uhlans parvient jusqu’au général Jouffroy l’obligeant de se défendre avec son revolver et de se replier légèrement vers Fontaine. Le combat dure près de deux heures.

La colonne du 70ème Mobile du Lot arrive à Trôo abandonné par l’ennemi et se met en place avec six canons près d’une ferme aux Ruaux. Les compagnies des 2ème et 3ème bataillons du Lot en réserve descendent dans la vallée. Boltenstein, enserré à droite par le Loir et par des forces ennemies tant en face de lui que sur sa gauche et à revers, se sent désormais contraint, soit de mettre bas les armes, soit de s’ouvrir un passage par la force. La position de sa troupe semble désespérée. Il place trois compagnies face aux tirailleurs du 45ème avec ses pièces, range ses fourgons sur deux rangs et met une compagnie en arrière-garde avec ses cavaliers sur les ailes. Après avoir préparé par le feu de ses deux pièces sa tentative d’ouverture qui est sa dernière chance, il lance à la baïonnette et sans tirer les cinq compagnies qui lui restent contre la droite française. Une mêlée furieuse s’en suit, au milieu de laquelle l’artillerie française fait pleuvoir ses obus au hasard. Les compagnies du 45ème se battent avec acharnement. ; mais, très éprouvés par les obus prussiens au début du combat, elles cèdent du terrain. Les Prussiens réussissent à faire une brèche dans les rangs français et y passent en trombe au pas de course se dirigeant vers Montoire et entraînant une cinquantaine d’otages. Leurs deux pièces ré-attelées rapidement dans une ferme, avec quatre chevaux, suivent au galop la retraite des fantassins non sans avoir encore perdus deux chevaux qu’ils détèlent sous la mitraille. A quatre heures et demi , ils pénètrent dans Montoire par le faubourg Prazay.

C’est vers une heure de l’après-midi que les Montoiriens entendent des détonations vers Saint-Quentin, mais suffisamment près de la ville pour faire vibrer les vitres. Des projectile viennent détériorer des maisons et des toits, comme une grange aux Pâtis et la maison de Monsieur Chateigner, horloger au coin de la place et de la rue Saint-Laurent. De nombreux habitants pensant à un bombardement se réfugient dans les caves des coteaux avec leurs enfants et leurs richesses. Les soldats des deux compagnies restées à Montoire s’inquiètent et se replient avec leur matériel dans le faubourg Saint-Oustrille, puis reviennent sur la place pour se diriger sur Lavardin par la rue Saint-Laurent pour finalement faire demi-tour. La rumeur s’est répandue que les Allemands étaient encerclés.

Vers quatre heures la canonnade s’arrête et peu après les Prussiens rentrent en ville avec leurs deux canons, les prisonniers civils et la soixantaine d’éclaireurs capturés le matin à la Touche des Bois. Ils mettent leurs deux canons en position dans la rue Saint-Jacques. Des habitants les observent par curiosité et sont faits prisonniers. C’est le cas de Messieurs Guiochain, propriétaire, David, facteur, Roulleau, marchand épicier, Perré, coutelier et Gautier, cafetier. Le bataillon du 45ème chargé de couper la route de Vendôme a surpris la compagnie prussienne en position aux Roches-l’Evêque et l’a faite prisonnière tout entière.

A cinq heures l’ordre de marche pour quitter Montoire est donné par le lieutenant-colonel Boltenstern. Les deux compagnies qui étaient restées en ville doivent couvrir la retraite par la rue Ronsard. Une fois le pont franchi, les uns s’enfuient avec les fourgons et les prisonniers par le chemin des Réclusages vers Lavardin, tout en prenant de nouveaux otages dans le quartier Saint-Oustrille, les autres par la route de Château-Renault pour dissimuler la fuite des premiers.

Une demi-heure après les Prussiens, les soldats du 70ème Mobile du Lot entrent dans Montoire au pas de charge et arrivent sur la place au grand bonheur des habitants qui assistent à un succès français. Sous le commandement du capitaine Pechverty, ils se lancent à la poursuite de l’ennemi par le pont vers Château-Renault. Au bout de trois kilomètres, ils capturent deux caissons et sept voitures et une trentaine de prisonniers. La nuit tombant, ils arrêtent leur traque. Plus tard, près des Réclusages, le lieutenant-colonel Delgal et ses Moblots surprennent des Prussiens dont les fourgons sont embourbés ; une fusillade se déclenche, quelques ennemis sont tués, le reste est capturé. Les Moblots ramènent douze chariots remplis de victuailles et de diverses marchandises pillées ainsi que des ambulances occupées par des blessés et des morts. La Mobile du Lot passe la nuit à Montoire logée en ville.

En se repliant sur Lavardin, les Prussiens furieux capturent tous les civils qu’ils rencontrent. Madame Joubert, ses deux enfants et sa domestique, demeurant rue Saint-Laurent, traversent le Loir en barque pour passer aux Réclusages et se réfugier à Lavardin, aidés par l’instituteur de ce dernier village qui revient de Montoire pour rentrer chez lui. Malchanceux, ils sont interceptés par la colonne prussienne et obligés de marcher avec les otages. Un mendiant est même enlevé et dépouillé de son pain. Un facteur, de retour de Villavard, refuse de les suivre en se jetant à terre ; il est frappé à coups de bottes et de crosses, et faisant le mort, il est abandonné sur la route. Une fois les Allemands éloignés, il se relève et rejoint Montoire. Au bout de huit kilomètres, Madame Joubert et ses enfants sont renvoyés. La colonne de fuyard se dirige vers Saint-Amand avec l’intention de bifurquer ensuite sur Vendôme. Pour se protéger, ils avancent avec des otages dans les premiers rangs et d’autres otages dans les derniers. A Ambloy, Monsieur Domet-Girault, un prisonnier de Trôo très âgé et chaussé de sabots ne peut plus suivre. Il est fusillé et son corps laissé sur la route.

Succès prometteur, mais de courte durée, le bilan du Combat de Saint-Quentin-lès-Trôo est le suivant. Les Prussiens annoncent avoir fait prisonniers 10 officiers et 234 hommes de troupe et 200 otages civils. Ils évaluent leurs pertes en tués, blessés et prisonniers à 100 hommes environ. Les Français comptent dix-huit tués dont un officier et avoir capturé une centaine de Prussiens. Trois soldats français ont été enterrés au cimetière de Saint-Quentin ainsi que trois Prussiens, les autres l’ont été à Fontaine-en-Beauce. Les Prussiens estiment les pertes françaises à 200 hommes.

Les otages civils sont emmenés le soir même jusqu’à Vendôme où le lendemain quelques-uns réussiront à s’évader avec la complicité des habitants. Le reste sera conduit, sans avoir été nourri, jusqu’à Blois et libéré quelques temps plus tard après avoir séjourné pour certains dans les camps de prisonniers d’Orléans, Étampes et Corbeil-Essonne.

Après cette courte victoire, le général Chanzy donne l’ordre à Jouffroy de poursuivre son mouvement en avant : « Je vous félicite sur le résultat obtenu hier. Continuez à poursuivre l’ennemi, soit sur Vendôme, soit sur Château-Renault… »

Sources :

Bulletins Société Archéologique et Littéraire de Vendôme :

Année 1875 – Histoire de la Mobile de Vendôme par Mr. de Maricourt, Capitaine de la 8ème Cie
Année 1877 – Journal de Mr. Malardier, juge de Paix à Montoire
Année 1876 – Souvenirs de l’Abbé Constant Bourgogne, curé de Villavard
Année 1909 – Combat de Saint-Quentin
Journal d’un Vendômois – Cinq mois et dix jours d’Invasion par Mr. Neilz (Edition 1887)
Campagne de 1870-1871. La deuxième Armée de la Loire par le général Chanzy (Edition 1871)
Garde mobile du Lot et la 3ème Division du 17ème Corps. 1870-1871 par Mr. Courtil (Edition 1879)
Le 75ème Mobile par Frédéric Bulot (Edition 1872)
Campagnes de la Loire et de la Sarthe pendant 1870-1871 par Georges Breuillac (Edition 1871)
L’Armée de la Loire 1870-1871 par Henri Ortholan (Editeur Bernard Giovanangeli 2005)

 

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